L’avis d’Europe Ecologie Les Verts – Groupe local de Saint-Quentin-en-Yvelines sur le Plan de Prévention de Bruit dans l’Environnement de Saint-Quentin en Yvelines

Le Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (autrement dit PPBE) de la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines est en consultation publique jusqu’au 4 février 2021. Il concerne les communes de Coignières, Elancourt, Guyancourt, La Verrière, Les Clayes-sous-Bois, Magny-les-Hameaux, Maurepas, Montigny-le-Bretonneux, Plaisir, Trappes, Villepreux, Voisins-le-Bretonneux.
Il est composé de deux parties : d’un côté, l’évaluation de la situation actuelle et de l’autre, les projets pour les 5 années à venir.
Chaque citoyen peut accéder aux documents en consultation sur le site de Saint-Quentin en Yvelines (cliquer ici), consulter les observations (cliquer ici) et en déposer (cliquer ici).

L’Organisation Mondiale de la Santé a classé la pollution sonore comme un « problème de santé publique » et la deuxième cause mondiale de morbidité liée à des facteurs environnementaux (derrière la pollution atmosphérique).
Au-delà d’un certain seuil, le bruit peut en effet entraîner des troubles du sommeil, de la santé (hypertension, dérèglement du système immunitaire, endocrinien et cardiovasculaire), voire des troubles psychiques (dépression irritabilité, troubles de la concentration et de l’apprentissage). Le bruit est considéré comme la première source de stress environnemental en agglomération.

Le PPBE de Saint-Quentin en Yvelines a retenu les seuils de dépassement de bruit suivants :

Valeurs limites PPBE	Aérodromes	Route	Train	Industrie
Seuil max acceptable sur 24 h (Ln)	55 décibels	68	73	71
Seuil max acceptable de nuit (Lden)	/	62	65	60

Il est intéressant de noter que ces valeurs limites, fixées par un arrêté datant de 2006, sont moins strictes que celles retenues par l’Organisation mondiale de la Santé en 2018 :

Valeurs limites OMS	Aérodromes	Route	Train	Industrie
Seuil max acceptable sur 24 h (Ln)	45 décibels	53	54	/
Seuil max acceptable de nuit (Lden)	40	45	44	/

Pour l’OMS, au-delà de ces valeurs, la population est soumise à un stress environnemental avec des répercussions possibles sur la santé. Pour Saint-Quentin-en-Yvelines, un peu plus de bruit ne nuira pas à la population…

Avec ses 230.000 habitants pour une densité de population de 1.913 hab./km², un bassin d’emplois de 145.000 actifs et ses trois grandes zones commerciales réparties sur Montigny-le-Bretonneux, Trappes/Coignières/Maurepas et Plaisir/Les Clayes-sous-Bois, il n’est pas étonnant que le transport routier et ferroviaire des passagers et des marchandises représente la principale source de pollution sonore. Au vu de la densité de trafic sur Saint-Quentin-en-Yvelines, toutes les villes sont peu ou prou concernées par la pollution sonore. Certaines zones connaissent cependant des dépassements de seuil importants à cause au trafic sur la N10, la N12, la D11, la D10, etc., les lignes de train C, N et U, les boulevards et avenues forts chargés en trafic, ou bien les routes traversant les centres-villes historiques comme aux Clayes-sous-Bois (rue Henri Prou) ou Villepreux (route de Rennemoulin, rue Amédée Brocard), faute de route alternative pour rejoindre les voies rapides. Et dans certains cas, c’est le jack pot pour les zones d’habitation touchées à la fois par le trafic routier et le trafic ferroviaire, comme à Trappes pour les habitations en bordure de N10 et de la voie ferrée, ou aux Clayes-sous-Bois pour les logements en bordure à la fois de la D11 et de la voie ferrée, voire du pont enjambant l’avenue H. Barbusse…

Que proposent les communes et la communauté d’agglomération pour réduire le bruit ?
Les projets varient fortement d’une commune à une autre.
6 communes seulement sur les 12 ont communiqué un plan d’action : Coignières, Guyancourt, Montigny-le-Bretonneux, Voisins-le-Bretonneux, Magny-les-Hameaux et Plaisir.
Les ambitions de la municipalité d’Elancourt restent floues : « développement des transports en commun de compétence SQY », « suivi des actions sur les voies de compétences SQY ou département ». On n’est guère avancé.
Heureusement, l’association Réinventons Elancourt a des idées plein sa musette : limitation des poids lourds, gratuité des bus sur l’intercommunalité, alternatives pour réduire la vitesse en ville, isolation des bâtiments. Toutes les propositions de l’association sont consultables sur son site ici.

La Verrière, Les Clayes-sous-Bois, Villepreux, Maurepas ont nommé comme domaine d’action un ou des espaces naturels aménagés dans la commune qui, pour la plupart, ne sont pas des créations mais des espaces déjà existants. C’est un peu se moquer du monde ! N’aurait-on pas pu imaginer des actions comme la limitation de vitesse, les transports doux, le développement d’un parc automobile électrique communal ?
Quant à Trappes, pourtant fortement touchée par le bruit, pas un seul projet de la ville n’est mentionné dans le PPBE !

Les actions prévues par la communauté d’agglomération sont détaillées dans le PPBE et chacun pourra s’y rapporter pour plus de détails. Les observations déposées par les habitants soulignent les souffrances endurées par le bruit du trafic au quotidien et la nécessité d’une action concrète et efficace à mener sans délai.

Il est regrettable que le PPBE n’évalue pas à sa juste mesure les nuisances sonores produites par le trafic aérien de loisir et n’amène aucune proposition pour les réduire, si ce n’est de participer à une commission consultative de l’environnement. Or les aérodromes de Chavenay-Villepreux, Toussus-le-Noble et Saint-Cyr-l’Ecole amènent leur lot de nuisances sonores en week-end, avec des avions qui ne respectent pas toujours les couloirs aériens qui leur sont accordés ni les contraintes techniques pour réduire le bruit des moteurs. C’est d’ailleurs ce qui ressort des observations formulées en ligne.

L’enjeu des prochaines années dépasse largement le PPBE. C’est la réduction du trafic qui est en jeu pour, bien sûr, lutter contre le changement climatique, avec un effet bénéfique sur la pollution atmosphérique et sonore. Cette dimension doit aujourd’hui impérativement être intégrée dans la politique globale de la communauté d’agglomération et des communes qui la composent. Le Plan Climat Air Energie Territorial présenté au public en novembre-décembre dernier a montré que Saint-Quentin en Yvelines n’en avait pas, de plan d’action. Si le PPBE semble plus abouti, celui-ci suffira-t-il à améliorer sensiblement le quotidien des habitants qui subissent des nuisances sonores importantes, étant donné que les valeurs limites de bruit sont encore trop élevées par rapport aux recommandations de l’OMS ?

Afin de réduire ce trafic générateur de pollutions, il apparaît indispensable de :
– renforcer le réseau de bus et introduire la gratuité de ce mode de transport dans l’intercommunalité. Aujourd’hui, des villes ayant nouvellement rejoint la communauté d’agglo n’ont aucune liaison de bus avec le bassin d’emplois de Saint-Quentin-en-Yvelines
– développer des pistes cyclables entre communes avoisinantes avec des circuits continus et cohérents
– mener une action efficace auprès du département, de la région, voire de l’Etat pour améliorer la circulation partagée entre automobilistes et cyclistes en toute sécurité pour ces derniers
– mener une action efficace auprès de la SNCF pour une meilleure offre de trafic ferroviaire et une amélioration des infrastructures pour réduire le bruit
– instaurer un moratoire sur les projets immobiliers, afin de mettre un frein au développement de la population, et donc du trafic.