Le saviez-vous ? La Communauté d’agglomération de Saint-Quentin en Yvelines a mis en ligne son Plan Climat Air Energie Territorial pour les 6 prochaines années (à partir de 2018 ou 2020 ? Mystère…) et vous avez la possibilité de donner votre avis.
Vous ne le saviez pas ? Normal… Perso, j’ai cherché l’info en vain en page d’accueil du site web de SQY. Donc, si vous n’avez pas quelques copains avertis pour vous refiler le tuyau, c’est fichu (addendum : finalement, l’info a été publiée dans SQY Mag reçu le 17 novembre 2020 dans la boîte aux lettres, et la Gazette de SQY, également reçue le 17 novembre – soit 15 jours de perdus…).
Le PCAET, c’est un outil de planification destiné à « atténuer le changement climatique, développer les énergies renouvelables et maîtriser la consommation d’énergie ». Cet outil est rendu obligatoire pour toutes les intercommunalités de plus de 20.000 habitants par la Loi sur la transition énergétique (2015). Il contient donc les objectifs de SQY en matière de transition écologique et les moyens d’action pour les prochaines années.
Nous avons donc cliqué sur le lien communiqué par les copains et cherché le fameux PCAET. Info : scrollez et allez directement tout en bas de la page, vous y trouverez les 15 documents à éplucher avec la conscience du bon citoyen écologiste qui vous anime. Vous aurez la joie de compulser des documents divers et variés, synthétiques (1 page) ou exhaustifs (257 pages). Soit 700 pages (sans compter les divers PLU) à lire, synthétiser, comparer, recouper, critiquer avant le 2 décembre 17h30 (dans 15 jours !), date fatidique pour rendre vos observations en ligne.
Mes premières impressions (je n’ai pas fini de lire les 700 pages, désolée) ? Je me suis d’abord attelée au « PCAET SQY VF » en pensant y trouver mon bonheur, c’est-à-dire : des informations claires, précises et chiffrées sur les objectifs de SQY pour « atténuer le changement climatique » et les actions concrètes qui seront mises en œuvre pour y arriver. A la lecture de ce document, je suis bien incapable de vous dire : 1/ de combien en valeur absolue, on veut réduire concrètement les émissions de polluants et 2/ comment on va s’y prendre sur le terrain.
Exemple : SQY veut « favoriser les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. » Comment ? Elle veut « valoriser une agriculture diversifiée et respectueuse de l’environnement. » En outre : « Favoriser la diversification de l’agriculture locale ». C’est un peu le serpent qui se mord la queue. Trois lignes dans un tableau pour dire la même chose. Ça me rappelle les disserts en terminale : il fallait remplir du papier… Mais on ne sait toujours pas comment on va s’y prendre. Subventions ? Autres pistes ? Le mystère demeure.
Des actions plus concrètes sont spécifiées pour « préserver et développer les espaces de biodiversité pour la petite faune du territoire ». Ah ! ça devient intéressant et ça se décline en trois points : « Installer des espaces d’accueil de la petite faune », « Installer des ruches » et « Multiplier les refuges LPO ». Bon, mais quand on connaît le fond du problème, à savoir l’urbanisation à tout va et l’utilisation des pesticides, on a l’impression de passer un peu à côté du problème.
Je passe sur les tableaux avec des codes et des couleurs sans légendes ni explications qui n’aident pas non plus à la compréhension.
Je jette un œil aux autres documents. J’en repère deux qui vont peut-être m’aider : les avis de la Préfecture de région et de la MRAe (Mission régionale d’autorité environnementale d’Île-de-France). C’est bigrement intéressant. Je vous cite quelques passages de la MRAe.
« L’efficacité des objectifs du plan n’est pas suffisamment démontrée… »,
« …le dossier ne comporte pas de rapport sur les incidences environnementales répondant aux exigences du code de l’environnement. Il en résulte notamment que les choix stratégiques et les actions par lesquelles le territoire connaîtra la transition attendue ne sont pas justifiés au regard de leurs effets sur l’environnement et la santé humaine »
« Le rapport comporte des éléments de bilan correspondant peu ou prou à l’horizon 2017, d’ores et déjà dépassé »
« La MRAe observe un certain défaut de contextualisation de certaines données (page 47 : le comportement des usagers des transports est approché à la lumière de données nationales possiblement peu représentatives de la situation locale) et de territorialisation (par exemple, les informations sur la concentration de polluants dans l’air ne sont pas croisées avec la densité de population). Cela peut influer sur la priorisation des objectifs du PCAET. »
« La MRAe recommande que les objectifs chiffrés du projet de PCAET soient explicités et que la mesure dans laquelle le projet de plan d’action permet de l’atteindre à son terme soit évaluée et exposée. »
La Préfecture est moins sévère mais, après un passage laudatif, émet des recommandations telles que :
« Compléter le plan pour mieux justifier les objectifs stratégiques… en particulier pour ce qui concerne le développement des énergies renouvelables. Par exemple, votre stratégie prévoit de multiplier par deux la quantité d’énergie renouvelable produite sur le territoire d’ici à 2030 par rapport à 2015 en cohérence avec l’objectif régional. Cependant, aucune action concrète n’est proposée et évaluée permettant de montrer que votre PCAET atteindra cet objectif. En outre, votre diagnostic montre que le potentiel de développement des énergies renouvelables sur votre territoire est bien plus élevé (1744 GWh en 2030 à comparer aux moins de 200 GW h en 2015) ».
Intéressante aussi, la réponse de SQY, droite dans ses bottes, aux deux avis, et je vous invite à en prendre également connaissance. J’y trouve enfin une information que je recherchais, celle relative à « l’absence d’actions sur le développement des transports en commun qui est pourtant un objectif » (remarque du Préfet dans une annexe technique).
A cette remarque, SQY renvoie au PLD (Programme Local de Déplacement) et précise : « La restructuration du réseau de bus et son suivi s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue qui permet des réajustements pour répondre au mieux aux besoins. » Ici, je me sens directement interpellée : d’une part, ça fait un autre document à consulter (flûte) : le PLD ; d’autre part, je m’interroge sur la cohérence de la politique environnementale de SQY. Rappel : en 2018, une ligne de bus, emmenant des Saint-Quentinois à la gare de Saint-Nom-la-Bretêche, a été supprimée. C’était ballot puisque deux ans plus tard, l’éboulement qui s’est produit sur la ligne U a contraint bon nombre d’usagers à se reporter sur la ligne L et à se rendre de ce fait à la gare de Saint-Nom EN VOITURE pendant des mois, la ligne de bus ayant été supprimée.
Pour finir, j’ai l’impression que l’on a tout fait pour décourager les citoyens de prendre connaissance du PCAET. Volume de documents à lire, présentation complexe, informations dispersées ou manquantes, recoupage de données fastidieux… Quant aux actions qui seront mises en œuvre, nous les découvrirons plus tard, peut-être, un jour, puisque, et je conclus en citant la SQY en page 18 de sa réponse à la Préfecture de région : « il ne serait pas opportun d’afficher un contenu précis dès aujourd’hui » !!!