Extension de la gare RER B de Saint-Rémy-lès-Chevreuse : le projet de la RATP inadapté
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Le contexte

Depuis 2013, la RATP et la région Ile-de-France portent un projet d’extension de la gare de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, située en plein centre-ville, commune se trouvant elle-même dans le parc naturel de la Haute-Vallée de Chevreuse.

Ce projet a notamment pour objectif de créer 4 voies de garages supplémentaires dont une voie de retournement (la gare compte actuellement 9 voies de garage), et vise à désengorger la gare de Massy. (voir présentation de la RATP

Ce projet avait initialement un budget de 25 à 29M€ et un calendrier de livraison fin 2022. Aujourd’hui le coût financier approcherait plus les 35 M€, budget voté en 2018 par IdFm. A cela, il faudra encore ajouter les parois anti vibratiles et les bassins de rétention.

Les impacts

Le collectif « Pôle Gare Saint-Rémy » s’est opposé à ce projet tel que dimensionné :

« Lancé le 8 juillet 2015 par le Conseil d’Administration du STIF, le projet actuellement prévu par la RATP fera circuler des trains à vide de Saint-Rémy jusqu’à Orsay.

Ce projet, jugé pharaonique,…

  …va défigurer le centre de Saint-Rémy

  …ne va pas améliorer la vie des usagers

  …va gaspiller de l’argent public »

En outre, le projet n’a pas été soumis à une étude d’impact globale, alors que se posent plusieurs problèmes, notamment environnementaux :  la construction des voies sur des zones humides présente des risques d’affaissement. Rappelons qu’en 2018, des intempéries avaient entraîné le déraillement d’une rame du RER B non loin de Saint-Rémy-lès-Chevreuse à cause de la nature du sol naturellement humide.

Bien plus grave, les conséquences hydrauliques du mur de soutènement prévu le long de la rue Ditte, ainsi que des parois anti vibratiles enterrées, sont plus qu’inquiétantes sur cette commune déjà sujette aux inondations lors des intempéries. Ces dispositifs créeront une véritable « digue » bloquant l’écoulement naturel des eaux vers l’Yvette.

Une telle extension longerait, de plus, la réserve naturelle régionale de biodiversité « Val et côteaux de Saint-Rémy », zone de sensibilité très élevée. Si ce verrou de protection environnemental saute, qu’adviendra-t-il des autres protections ?…

 La pollution sonore des départs de trains à vide en début et fin de service impacteront également la qualité de vie des riverains. D’autres questions se posent sur l’interruption de la ligne lors de la réalisation des bassins de rétention. Sur quelle durée et quelle période ? Quelle alternative pour les usagers qui souffrent déjà de plusieurs semaines d’interruption de trafic l’été ?

Le bureau d’étude Rail Concept, en 2015, et le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable, en 2016, se sont interrogés sur une soi-disant plus grande fiabilité de la ligne promise par la RATP et déplorent l’absence de solutions alternatives.

Ces voies de garage ne seront en effet utilisées que pour du garage nocturne et n’hébergeront que des trains dont la mission commerciale démarrera à Orsay ou Massy Palaiseau. Les circulations se feront donc à vide entre ces gares et Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Il est à noter qu’initialement, 6 voies de garage étaient prévues sur le site de Massy, à proximité des ateliers de maintenance, mais la zone a été récupérée temporairement pour les travaux du Grand Paris Express. 

Le projet actuel a été retoqué par le tribunal administratif de Versailles le 3/11/2020, et la déclaration d’intérêt général annulée. Une étude d’impact, ainsi qu’une enquête publique seront menées, repoussant le démarrage des travaux de plus d’un an (la mise en service devait initialement avoir lieu en septembre 2022).

 Propositions alternatives

 Le collectif propose des solutions alternatives, après que le besoin exact de garages supplémentaires provisoires et pérennes sur l’ensemble de la ligne B soit clarifié :

  • redimensionner le projet, quant à la longueur d’une des voies et à l’intérêt d’une seconde (ces 2 voies constituent les principaux points d’achoppement du projet), tout en conservant la création de 2 voies supplémentaires, en plus de l’une déjà réalisée. 
  • de récupérer les voies de garage abandonnées sur Massy, avec l’avantage de profiter d’un service de maintenance sur place (ce qui n’est pas le cas à Saint-Rémy) et d’utiliser en garage nocturne le tiroir de retournement à Orsay qui doit être mis en service courant 2021.
  • dans une vision plus globale, repenser les abords de la gare avec la création de parkings et d’arrêts de bus pour favoriser le déplacement en transports en commun.

     Ces propositions ont le mérite de diminuer à la fois le coût du chantier, les risques hydrauliques et l’impact acoustique, d’accélérer la mise en service, le tout en conservant les besoins affichés par la RATP.

Le collectif sera-t-il entendu ?

Appel au dialogue

Ghislaine SENEE, conseillère régionale Ile-de-France et tête de liste d’Europe Ecologie Les Verts dans les Yvelines pour les prochaines élections régionales, est intervenue lors de la séance de la Commission permanente du Conseil régionale d’Ile-de-France le 1er avril 2021 :

« Mandate la Présidente pour exiger la mise en place d’un dialogue entre la RATP, les associations des riverains et des usagers et la municipalité de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, afin d’étudier toutes les solutions alternatives au projet d’extension de la Gare Saint-Rémy-lès-Chevreuse.

La municipalité de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, en association avec les Associations du Collectif Pôle Gare Saint-Rémy avance des propositions alternatives à ce projet : deux voies supplémentaires sur Saint-Rémy-lès-Chevreuse et le rapprochement de voies de garage supplémentaires du centre de maintenance, possiblement à Orsay et Massy

Ces alternatives présentent l’intérêt de permettre un projet pôle gare avec parking sur Saint-Rémy-lès-Chevreuse compatible avec le projet RATP, de supprimer les risques hydrauliques sur les bassins de rétention à proximité de la Réserve naturelle, de favoriser des économies sur le coût et une plus grande rapidité d’exécution des travaux. Plus réalistes et respectueuses des contraintes urbanistiques du secteur, elles répondent par ailleurs au besoin d’amélioration de la qualité de services et de l’offre du RER B.

Pour ces raisons, le groupe Alternative Écologiste et Sociale demande à la Présidente de Région et d’Ile-de-France Mobilités, d’exiger la mise en place d’un dialogue et d’une concertation entre la RATP, Ile-de-France Mobilités, les associations de riverains et usagers du RER B et la municipalité de Saint-Rémy-lès-Chevreuse pour étudier les solutions alternatives proposées. »

A la réunion du Conseil d’administration d’Ile-de-France mobilités, le vœu présenté par le Collectif Pôle gare Saint Rémy demandant la reprise du dialogue sur la base de solutions alternatives a été refusé.

Le groupe EELV Saint-Quentin en Yvelines et Haute Vallée de Chevreuse demande qu’une rencontre entre la RATP et le Collectif Pôle Gare ait lieu avant l’enquête publique afin qu’une solution satisfaisante pour tous soit trouvée. Pour cette raison, il s’associe au collectif « Pôle Gare Saint-Rémy » afin que la RATP propose un projet cohérent que ce soit pour les usagers du RER B, les riverains et pour l’environnement, et restera attentif à toutes les décisions prises par la RATP.